Historique

L'entre-deux guerres et ses pionniers (1928-1939)

C'est en 1928 que messieurs Lagarde, Favret et Faye ouvrent la "Traversée des Florets" et l'"Arrête Lagarde". Jusqu'à cette date, les escapades sportives se résument à l'ascension de la Pointe du Turc par la chambre du même nom.

L'ouverture d'itinéraires évidents se poursuit par Liotier en 1930 ("Voie du Trou", "Voie des Vires"). Quatre ans plus tard, sous l'impulsion de De Champeville, Cardaire et Blatrix parcourent des itinéraires directs et audacieux. Ralliant le massif à bicyclette, équipé d'espadrilles montantes, de cordes de chanvre de Manille et de papier journal (qui servait à protéger la corde autour des béquets lors des rappels), ils ouvrent la "Grattepenade", la "De Champeville", "La grande cheminée" et l'arête ouest de la Crête des Rapaces au Clapis (1932).

La chaîne de Gigondas était alors le centre d'intérêt des varappeurs de l'époque. Ces derniers allient randonnée et escalade, parcourant parfois de nouveaux itinéraires sans se soucier de les répertorier. La Dent Sarrazine est également gravie durant ces années par Paillon ("Pilier est" en 1939).



L'après-guerre, la création du CAF d'Avignon (1946-1970)

Il faudra attendre 1946 pour que Martin repère la ligne évidente du "Dièdre des Parisiens".

1952 est la date de création du Club Alpin Français (CAF) sous la présidence de M. Boyer. Ce rassemblement d'idées et de moyens humains contribue, non seulement à la formation des pratiquants, mais également à un début de gestion concertée du massif. C'est ainsi que nous remarquerons le bénévolat de messieurs Guedu, Barry, Plumelle, Gattini, Gaucher, Gras, Fert et Dumas pour des actions de défrichage, balisage et encadrement.

En 1958, la "Morizot", devenue une grande classique et surnommée "les trois plaques", voit le jour. Les années 60 sont également riches en ouvertures. Aucune personne ne s'investit plus que les autres, nous sommes dans l'avènement de l'escalade aventure, lieu de préparation vers la haute montagne. 

En 1965 Audifret, Garrigou et Raybaud remontent le deuxième grand dièdre évident de la face nord de Gigondas ("Dièdre de Provence"). Les itinéraires sont de plus en plus difficiles, l'escalade artificielle repousse les limites. A cette époque sont notamment ouverts "Le socle" (1965), "Face est" (1964) et "Jomo"(1963).

Les 17, 18 et 19 avril 1965, le CAF d'Avignon, sous la direction de V. Pajot, organise un rassemblement intersection d'escalade. Malgré un vent violent, 15 tentes sont installées au Col du Cayron. Tandis que les randonneurs sillonnent le massif du Mont Ventoux et des Dentelles, R. Gimard, bivouaquant au col, oriente les différentes cordées sur la face nord. A cette occasion, trois nouveaux itinéraires sont inaugurés : "La Pifre", "Le doigt face nord" et la "Dalle des Florets". A cette époque, les Dentelles sont classées Ecole Nationale d'Escalade.

Durant la deuxième moitié de cette décennie, la chaîne du Clapis commence à dévoiler ses lignes grâce à la cordée Bienfait, Dobiecki, Bredouillard. C'est l'ouverture notamment de "Baïonette", "Vires rouges" et "Jardin". R. Gimard, alors âgé de soixante ans, explore la partie est de la chaîne de Gigondas au début des années 70. Il ouvre avec l'aide de différents camarades "La Poire", "Dièdre de la canine", "Dièdre de la grotte" et "La voie des dalles".



La découverte du Clapis (1973-1981)

De 1973 à 1978, A. Boch, M. Gonnet, D. Aresi membres du CAF d'Avignon, découvrent les potentialités de cette face sud. Ils sont alors les seuls à parcourir les sentiers et lignes verticales, traçant ainsi "Philippus", "Benedetti", "Nova", Santemerga", "Toit sud", "Gillou"… Cette dernière, cotée actuellement 7c (L1), nécessite en 1975 pour son dernier assaut un bivouac alimenté au petit matin de croissants frais par des camarades. Une première longueur encore très présente pour M. Gonnet, acteur d'une chute de 10 mètres tout en "dégrafant" des coins de bois.

Après le célèbre alpiniste J. Lagarde, G. Rebuffat visite les Dentelles en 1978. Aucune première, mais la répétition du "Dièdre des Parisiens" et de la "Philippus", encadré par M. Gonnet et A. Boch.

La face nord de Gigondas est dès 1977 le lieu de prédilection pour A. Charmetant. Son attachement pour ce site s'exprime au regard de "Verdonneux", "Hamburger", "Pilier Claire" et des nombreuses voies du Mur du Solitaire. Il ouvre également en solitaire, s'auto-assurant avec un Barnett qui stoppera sa chute de 10 mètres dans "Vibration".

Au Clapis, A. Charmetant exploite les dalles, de la Brèche de Deux Heures à la Crête des Rapaces ("Blocus", "Pilier central", "Picots de rose"), ainsi que la Grande Muraille ("Surbacabra", "Dalabra", "Picotomanie", "Zone piétonne"). "Dédoume" marque l'apparition en 1978 du premier équipement par le haut. Il est également à l'origine de nombreux sentiers d'accès aux falaises.

En 1981, Ch. Fiorani et O. Gaude tracent le deuxième itinéraire depuis le haut ("Mégalomane"). Ce dernier poursuit ensuite l'exploration du Clapis, de façon plus traditionnelle, avec G. Prioreschi fort de son expérience transmise par CH. Guyomar ("Philantrope", "Andropète", Walesa", "Le mélomane gaga"). Il faut rappeler la remarquable réalisation de Georges pour l'ouverture, depuis le bas, avec P. Bestagno, des "Petits moutons". Cachée dans un premier temps sous le lierre, cette ligne demanda de nombreuses heures de calme, d'astuce et de sang-froid.

1980-1981 sont également les années d'E. Sauzade. Il équipe dans le cirque des Vires Rouges, très fréquenté à l'époque, les "Rêves d'O", "Esoteroc", "Andromède" et la jonction de "Philippus". Avec l'aide de Ch. Fiorani il trace également "Orphée" et "Eurydice" sur la magnifique face ouest du rocher de Saint Christophe.



L'avènement de la Chaîne du Clapis (1981-1984)

Après cette période d'ouvertures, la Dent Hadamard est quadrillée par O. Gaude ("Charter pour Ouaga", "Tablier rose", "Des gestes pour le faire"…). Le secteur est des Vires Rouges se dote également de nouvelles voies par le même auteur ("Piano postiche", "Bleu pétrole", "Les mémoires de Darwin").

Pendant que la chaîne la plus septentrionale s'ouvre aux grimpeurs des années 80, le massif entame son rajeunissement. En effet, grâce à des subventions du FNDS gérées par le CAF d'Avignon d'abord et le CD FFME de Vaucluse ensuite, au dévouement de A. Origny, A. Hantz et A. Charmetant normalisent l'école du Grand Travers (1980), avant de rééquiper la Pousterle sud (1981) et les classiques de la face nord (1982, Florets).

En 1983 le secteur du Turc est entrepris, c'est également les premiers scellements dans le Dièdre des Parisiens (1984).

 

Des itinéraires de plus en plus difficiles (1987-1988)

En 1987, S. Jaulin organise une rencontre d'escalade sur le massif, "afin de dynamiser la face nord". Résultat de l'opération, quelques itinéraires voient le jour mais en face sud (Clapis). Cette initiative marque le début des voies de haut niveau, avec "Gigondas New Yrok", "Ca cracotte" 7c, "Poisson d'avril". F. Perret trace à cette occasion des voies sur les dalles du Rocher du Cayron.

L'été de la même année, le rééquipement en face nord de la chaîne de Gigondas se poursuit par l'intermédiaire de Cl. Paul et Ch. Cateland employés par contrat TUC. Par la même occasion, quelques itinéraires nouveaux apparaissent (secteur du "Dièdre" face sud Pousterle, "Emprise directe", "Je suis un communiste", "La griffe du lion").

1988 est l'année du premier championnat de France en Avignon. J.J. Rolland, entouré d'équipeurs (J. Perrier, S. Troussier, O. Gaude, B. Fara M. Lesueur, J. Faure et B. Meunier), organise les épreuves jeunes au Clapis. Cette initiative marque le second souffle des voies de haut niveau avec "Hula hop", "Petit vérin", "Masculin singulier", "La transformation du boulanger" 8a.

Quelques itinéraires sont équipés peu de temps après par J.Ch. Berrard, dont la réalisation marquante est indéniablement "Bassora fiesta" 7c. O. Gaude poursuit l'exploration de ce secteur ("Pas de doute", "Crise d'autorité", "Tous des gosses", puis plus loin "Garagiste aux mains blanches", "Le lézard de Balthazard", "Bird's beach"). Le mur rouge d'accès rebutant lève ses secrets face à la persévérance du même auteur qui croit en quelques lignes. Un nouveau secteur (allergiques aux inversées s'abstenir !) de haut niveau voit le jour avec "Ticket pour un aller simple", "Rien à cirer", "Regards de profanes" (12 heures de travail pour son ouverture), ou la dernière "Moxita".

La face nord de Gigondas, longtemps délaissée, fait l'objet d'un renouveau par A. Charmetant ("Citron hallucinogène", "Tischmacher", "Jardinland") et O. Gaude ("Baleine sous caillou", "Ce soir ou jamais", "Radio moquette", "Croqueuse d'hommes", etc.)



Un rééquipement systématique (1989-1991)

En 1989, 1990 et 1991, la région PACA et le Conseil Général s'investissent dans la réfection des sites d'escalade. A. Charmetant, O. Gaude et E. Sauzade participent aux rajeunissements du rocher école (chaîne du Grand Travers), rocher de Saint Christophe, Crête des Rapaces, Dent Hadamard (chaîne du Clapis) et chaîne de Gigondas. Cette initiative ne pouvait voir le jour sans le travail assidu de P. Duret pour la confection des dossiers, l'achat et la gestion de matériel, et de A. Origny à la base des relations avec les financiers.

Par la même occasion, E. Sauzade, par un travail toujours aussi soigné, exploite les secteurs "Lune de miel" et "Blocus". Il nous offre ainsi une multitude d'itinéraires de niveaux moyens très convoités comme "Crénoline", "Vertigo", "Sacrilège", "Pervers dévers", "Les vautours", "L'ombre d'un doute", etc.

Le développement de ce massif (2,5 km de long) se poursuit progressivement, sans rupture, par l'apparition de voies différentes, de la couenne à la haute falaise en passant par des itinéraires non équipés.



De nouveaux secteurs, de nouvelles lignes (1996-1997)

En 1996, une subvention dynamise la face nord de la chaîne de Gigondas. Cette dernière, qui attise dans les années 30 la témérité des alpinistes, dévoile encore de magnifiques dalles de trente mètres à l'adhérence parfois aléatoire, ainsi que des fissures surprenantes.

C'est ainsi que dans le secteur actuel du Turc, R. Leroy exploite le secteur à gauche de la "Voie du trou" (4b-5b), avec notamment "Qui a tué Chico Mendes", un petit 6c de toute beauté. Il nous offre également une magnifique arête sur la droite, "Marchand de cailloux" (4c-5b-3b).

Trois lignes de niveau 7 quadrillent dorénavant la dalle sur la droite, le chantier entamé il y a dix ans est enfin achevé par O. Gaude. La "Coulée orange" (7a/b), une ligne à gauche de "La fissure en S" (5c-6a+) est, par la même occasion, nettoyée. La Pousterle, la plus vaste, est exploitée par R. Leroy, grâce à trois itinéraires sur la gauche de "La flèche à Jojo", dans le secteur Martinetti ("Ourdes 96", 6c+, "Williwaux", 7a, et "Tierra del fuego", 6b+). Un peu plus loin, là où le grimpeur s'aventure rarement, R. Leroy place 103 voies sur parfois deux longueurs. Ces petits voyages de niveau 5 à 6 sur scellement semblent incontournables.

A. Charmetant, fidèle aux Dentelles depuis les années 70, s'active pour les escalades estivales. Fort de sa connaissance du massif, il exploite deux "spots " en périphérie de la bucolique cascade de Lafare. En juin 1997, deux nouveaux secteurs apparaissent, avec notamment l'école d'escalade de la Tyrolienne.

Fin 1996-début 1997, la face nord du rocher Saint-Christophe nous livre un troisième secteur d'initiation de toute beauté grâce à la persévérance d'A. Martin. Durant l'hiver 1997, la face sud de la chaîne de Gigondas, grâce à R. Ecroy, se dote d'un secteur au niveau des Florets (derrière l'ancienne école d'escalade). Une dizaine d'itinéraires plein soleil du 5b au 6b+ nous attendent.

580 voies et 725 longueurs sont alors plus ou moins tracées sur les Dentelles de Montmirail.

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