Carnet de route
Ski sur les Orres - Une fenêtre sur 2021
Le 16/01/2021 par Raimond Victor
Gîtes et refuges fermés, il nous faudra compter sur l'aide des équipiers. Deux appartements proposés donneront le secteur: les Orres.
Cela fait 2 semaines qu'il n'a pas neigé, et que nous sommes déconfinés.
L'excitation est palpable et le manteau neigeux assez stabilisé. Grand soleil en prévision, de quoi nous motiver face aux -10° degrés annoncés.
Samedi:
Le dernier lacet avant le hameau perché à 1800m sera le point de départ.
Marcheurs, surfeurs, grimpeurs de cascade de glace... On est pas seuls, et pour cause, prendre la direction du valon de l'Eissalete est un choix strategique. Passé les chemins forestiers et les multiples vallons, c'est un large et profond cirque orienté nord-est à nord-ouest qui nous tend les bras.
Pour nous, ce sera le col de l'Aupillon 2795m, plus précisément la sortie voisine. Le temps de manger un bout et nous entamons l'ascension sur une voie fraîchement tracée par des skieurs qui nous précèdent de quelques centaines de pas. La couche de neige n'est pas toujours très épaisse, parfois croûtée, parfois soufflée. Le repérage se fait dans la montée où nous terminerons les ski portés.
On dépeaute à l'abri du vent, au milieu d'un champ de montagne. Tiens ! Le Brec, souvenir chaleureux du monde d'avant... On attaque doucement, plutôt à droite, ici à gauche, ça passe. Les virages sautés permettront de virer sans chasser trop de neige. Quelques dizaines de mètres plus bas, la neige nous porte avec fluidité, pur plaisir. Les plus motivés remonteront une face nord de 250 mètres du cirques pour en profiter davantage avant de redescendre par le long vallon.
Réchauffé.e.s par le foyer d'une cheminée, que nous goûtons quelques échantillons de bières locales (Roquemaure). Une session de révision théorique est lancée. La réduction des risques via la méthode du 3x3 aborde un large panel de critères à appréhender. Nivologie, enneigement, comportement, il faut anticiper pour bien organiser, puis observer en local puis en zonal pour confirmer. Le partage d'expérience continue pendant que Benjamin aidé de Lénaïc passent un tablier, que demander de plus !
Les 3 kilos de Croziflette suivi d'une galette ont raison de nous, Lenaïc couronné, nous partons nous coucher.
Dimanche :
Petit déjeuner 7h, c'est un petit festin sucré et salé. Un coup de propre aux appartements et nous prenons la route pour la vallée voisine. Crevoux nous voilà, objectif : le grand Parpaillon. La route carrossable est stoppée sur un petit domaine de ski de fond et biathlon.
Les skis sont chaussés pour suivre le petit torrent sans grand dénivelé. Le froid est bien là, visible sur les cheveux et autres barbes glacées. Première partie est agrémentée d'œuvres pour le moins surprenantes (le WC suspendu n'a jamais aussi bien porté son nom).
Le bout du circuit est marqué par une belle cascade de glace et l'ascension d'un premier versant de 500m, ça y est, on à plus froid. Nous rejoignons le soleil en découvrant la beauté de l'immense vallon qui s'ouvre devant nos pas.
Deux paramètres viennent modifier alors la course :
L'heure avance plus vite que prévu et la neige n'est pas idéale pour redescendre sur nos pas. Plutôt que de s'enfoncer jusqu'au grand Parpaillon nous raccourcissons via une boucle en passant le col de Girabeau. Cales installées, la montée du col nous offre une face orientée plein sud, nous fondons sous un soleil cuisant. Heureusement, un petit nuage vient s'échouer sur la crête pendant que nous la traversons afin de rejoindre la pointe du vallon Pellat.
Le spot est splendide et nous offre un large choix de petites combes où la neige selon son ensoleillement nous joue des tours. On regarde les premiers s'élancer pour positionner au mieux nos trajectoires mais ça ne fonctionnera pas pour tous. Quelques plongeons dans la poudre nous rafraîchissent gentiment.
Changement de décors, nous entrons dans les mélèzes avec une attention accrue, en effet, certains arbres semblent traverser notre route sans prévenir... Nous rejoignons doucement le circuit de fond alors que certaines souches et quelques fatigues musculaires se font ressentir.
Retour au parking la bouche en cœur. Le temps d'un goûter au soleil pour profiter jusqu'au dernier moment et nous rentrons sans traîner, couvre feu oblige.
Magnifique week-end volé en cette période d'incertitude.
Merci à Benjamin & Lenaïc et à toute l'équipe.
Victor Raimond





