Carnet de route
Ski Aventure en ARVE – MAURIENNE
Le 19/02/2021 par BOUCHOUX ANDRE
Ce week-end du 13-14 février 2021, Claire était bien décidée à affronter les contraintes logistiques et d’hébergement imposées par la crise du coronavirus !
La météo s’annonce belle et très froide !
Nous sommes jeudi 12, ça y est Claire a écrit le scénario :
Nous allons le samedi monter à la station de Valmeinier (on ne sera pas dérangé par les skieurs pour une fois...) puis direction le refuge des Marches, via le col des Marches 2725m (environ 1000m D+), puis descente de 500m vers le refuge. Le lendemain, A/R sur la pointe des Sarrasins 2963m (environ 750m D+) et retour par l’itinéraire de la veille (500m D+).
Le refuge des Marches est fermé et le refuge d'hiver plus que sommaire (4 places très sommairement équipées. 4 chaises et une table, pas de poêle, ni lumière (C’est vraiment un abri d’urgence - dixit la gardienne).
Donc prendre : matelas, duvet, sac à viande + à manger pour 2 jours + 2 réchauds + frontale ….+ crampons
S'il y a suffisamment de place (entre autres, s'il n'y a pas d'autres randonneurs...), on dormira dans le refuge, sinon, ce sera dehors, et ce sera l'occasion d'apprendre à faire un abri d'urgence ! Prévoyez des habits chauds... ça va être « Roots » !
Le ton est donné !
Malgré le portage environ 13 à 14 kg, les températures glaciales et l’hébergement qui risque de finir en igloo, les 5 acteurs sont volontaires :
Claire notre guide (enthousiaste et confiante), Loup, Arnaud, Jean-Charles et André.
Vendredi soir, après une route sous la neige depuis Grenoble, ce sont les retrouvailles dans notre gite préféré à St Pierre d’Albigny. L’apéro est incontournable, mais aussi le contrôle du matériel et des sacs, on doit être en autonomie totale !
Samedi matin, après un petit déjeuné complet dans la salle à manger avec une vue magnifique sur la vallée, nous sommes fin prêt pour prendre la route.
Mais voilà que la voiture électrique de Claire refuse de démarrer, batterie à plat ! Que cela ne tienne, on emprunte des câbles. C’est vraiment super ces voitures sophistiquées, mais où brancher les câbles ? Rien à voir avec la simplicité des anciennes voitures… L’équipe se plonge dans la notice et fini par démarrer la voiture. C’était un bon test de la cohésion d’équipe !
Une heure après nous décollons de Valmeinier, skis aux pieds, direction le col des Marches. Petit à petit, nous quittons les quelques skieurs courageux de la station et progressons seuls vers le col. Le ciel est clair, le fond de l’air est piquant, la neige fraiche et douce, les crêtes fument légèrement, la montée est régulière et splendide. Le panorama s’ouvre sur les crêtes de Valloire, les aiguilles d’Arve, la Meige, les Ecrins… pas un seul nuage à l’horizon, la vue est grandiose.
Après quelques petites pauses hydratation, quelques graines, nous arrivons sous le col des Marches, où nous décidons de pique-niquer.
Restaurés, nous arrivons au col avec vue sur le lac de Bissorte et notre refuge, 500m plus bas. Le vent souffle modérément, levant légèrement la neige dans la pente. Nous sommes face à une difficulté non prévue au scénario, sous la forme d’une belle et dangereuse corniche surplombant la belle pente de descente à 35-40 degrés, qui nous barre le chemin sur toute la largeur du col ! Claire examine, de part et d’autre, la hauteur de la corniche afin d’envisager la possibilité d’un passage. Il faut préciser que nous n’avons pas de corde.
Gestion des difficultés : Nous avons 3 difficultés devant nous : La corniche, la pente chargée avec un fort risque de plaque à vent, et en cas de passage, les 500m de remontée dans cette pente le lendemain !
Sagement, Claire nous propose de renoncer et de redescendre, ce qui est partagé à l’unanimité. Claire nous suggère de bifurquer en direction des Terres Rouges et de trouver un endroit pour construire un igloo dans ce secteur.
La descente est splendide, la neige immaculée sans aucune trace avec un panorama dégagé et grandiose.
L’igloo : Il est environ 15h30, nous approchons du fond de vallée, près de jolies bergeries (2050m). L’endroit est idéal pour notre igloo, hauteur de neige suffisante, pas de risque d’avalanche, une prise d’eau à proximité. Nous décidons donc, pendant qu’il fait encore jour, de nous atteler au terrassement !
Sous les directives de notre architecte expert en chef, Claire (tous les autres étant novices), nous nous armons de nos pelles et creusons, creusons, déplaçons quelques m3 de neige. Le puit d’accès prend forme, et le piège à froid. Puis, Claire et Loup, nos deux taupes, creusent la salle du dortoir, pendant que les autres évacuent la neige et construisent les aménagements de l’entrée, avec escalier et table en bois, s’il vous plait ! Le grand luxe… Expérience instructive et travail d’équipe.
Ça y est, il fait nuit et la température devient glaciale, environ -10 degrés. Enfin, notre construction est achevée. Elle est totalement passive, super écolo, (attention cela ne rigole pas, nous avons deux experts en la matière dans le groupe), même pas l’apport de l’énergie d’une bougie ! Reste à installer les matelas, les duvets, à défaire ses chaussures et s’installer confortablement dans ce gite 5*. Claire, Arnaud et Jean-Charles se glissent dans l’abris, pendant qu’Arnaud et votre serviteur, à l’extérieur, gère tant bien que mal la préparation du diner ! Le ciel est étoilé…et il gèle !
Autour de 20h, la porte est plus ou moins refermée avec les sacs à dos. 0n est tous emmitouflés dans nos sacs à viande et duvets, les uns avec leur pantalon et chaussons de ski, et doudoune, d’autres plus aventureux et confiant dans leur duvet, se torsionnant sous une hauteur de plafond de 50 cm, pour retirer leur pantalon et vêtements. Un bel exercice de contorsionniste ! En route pour une longue nuit les marmottes …..ZZZZZZZ.
Dimanche matin : Finalement, au petit jour, nous avions tous dormi plus ou moins bien et la température était relativement bonne, même si les coques des chaussures avaient gelé à l’intérieur, rendant particulièrement sportif le chaussage du petit matin ! Le thermomètre annonce -11°C.
Tous extirpés de notre tanière, nous avons apprécié ce moment du petit déjeuner avec le réchaud Jetboil réfractaire d’Arnaud, qui refusait de chauffer ! Claire se battant avec son beurre congelé et dégustant son miel glacé. Miam. Allez, un dernier thé chaud et tous actifs pour refaire les sacs. Il nous aura tout de même fallu 3h pour se retrouver skis aux pieds… il n’y avait pas que les doigts et les pieds qui devaient être gelés…
Claire, clairvoyante, renonce à faire une course vers le sommet de « roche noire » jugée trop longue compte tenu du couvre-feu… Elle nous propose donc de reprendre la direction de la veille. En chemin, nouvel ajustement de l’objectif en direction du « Petit Fourchon 2568m ». Il faut reconnaitre à Claire sa capacité à adapter la course aux conditions et difficultés rencontrées, ainsi qu’à gérer le temps afin que tout se passe au mieux, en sécurité et que la sortie soit un moment de plaisir pour tous.
L’ascension est magnifique le temps splendide, un ciel bleu provençal, le panorama de toute beauté.
Arnaud galère un peu avec ses peaux qui se décollent, quant à celles de Loup, en bon judoka, il va les mater en les strappant avec de l’Elastoplast… et c’est reparti, cool.
Arrivé au sommet, sans vent, en plein soleil, c’est l’heure du pique-nique, grandiose la salle à manger ! Convivialité et bonne humeur.
Maintenant, c’est l’heure de redescendre. Belle pente dans les 30-35 degrés dans une belle neige poudreuse, légère et vierge…. que du bonheur pour les amoureux de godille plus ou moins serrée. Malheureusement, toute chose a une fin et nous finissons par rejoindre les pistes trafollées de la station…. et les voitures au parking. Nous prolongeons, ce beau week-end chaleureux en buvant une bière (ou 2 !) bien fraiche sur le parking.
Un grand merci à Claire pour son engagement, son encadrement au top et de nous avoir fait découvrir la réalisation d’un igloo, belle expérience partagée dans une ambiance sympathique.
Merci à tous les acteurs pour leur bonne humeur et enthousiasme.
Un grand bol d’air dans ce monde dépressif coronavirusqué
Ce que l’on retiendra du week-end :
- Savoir renoncer face aux risques et dangers, s’adapter aux conditions,
- Continuer à vivre et prendre plaisir,
- On a une capacité d’adaptation. Dormir dans un igloo, ce n’est pas si terrible et mortel (en tous cas c’est bien mieux que par -10 degrés),
- Ce fut une belle expérience enrichissante,
- Claire est clairvoyante, Arnaud un vrai chef cuisinier, Loup excellent pour creuser une tanière et roi du strapping, Jean-Charles adepte de la randonnée légère pour partir sans sac à dos ! et André… heureux
- On a tous passé un excellent week-end


